> Maki Hiroshisa

[...] et je la vis: son visage gracieux aux yeux nébuleux tourné vers un recoin du ciel qu'elle seule pouvait atteindre. Sa bouche aux lèvres voluptueuses étiré, formait un sourire dont on ignorait le destinataire. L'hiver tintait ses joues d'un rose pâle et jovial et l'été ravivait leur couleur. Ses cheveux ondulants au gré du vent, caressants ses formes parfaites et délicieuses lui donnait un aspect céleste. L'être assis à coté de moi me semblait inaccessible. Le soleil l'éblouissant quelque peu, elle ramena une main au poignée fin accessoirisé d'un bracelet aux couleurs vives et saillantes, vers son front. Ses longs doigts aux ongles vernis finirent de la protéger des rayons lumineux. Le nœud qui entourait ses épaules et efféminait sa tenue, affermissait la blancheur de sa peau. Son haut court à la matière raide découvrait par instant le plat de son ventre, la petitesse de son nombril.
Dieu qu'elle me parut fragile !

Ses jambes galbées, l'une sur l'autre, son bras libre posée loin derrière elle et il ne lui manquait plus que les ailes pour qu'elle puisse passer pour un ange. Ses pieds nus s'amusèrent de la brise et de la froideur du temps. Eve avait décidément tout à lui envier.

Personne n'osait l'approcher par peur de briser le charme qui l'entourait. Sa démarche rythmée et poétique, ses mouvements précis et graciles avaient fini par faire le tour de l'établissement. Moi même j'en restai souvent pantois, la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau. Ses bras vous enlaceraient avec toute la douceur inscrite sur son corps et sa bouche vous embrasserait avec toute la passion qui l'anime ; vous changeriez immanquablement. [...]

[...] Maki aurait pu être une personne fort appréciée si par nature les hommes n'éprouvaient aucune jalousie. Mise à l'écart on ne peut pas vraiment dire qu'elle fasse partie d'un groupe. Cela tombe bien puisqu'elle semble apprécier la solitude. Ainsi vient t-elle s'isoler sur le toit de l'école sur lequel je l'ai rencontrée. Je ne connais que la Maki souriante mais je me doute bien qu'elles cachent d'autres facettes certainement plus sombres. Elle semble se protéger des autres aussi bien que je cherche leur contact. Sa langue est toute aussi capable de claquer des mots doux, des phrases dont le sens vous semble incertain que des jurons et des blâmes.

Soucieuse de ce qui l'entoure, elle rêve sans doute d'un monde dans lequel elle serait seule sur une terre gouverner par les plantes, les animaux, le ciel et le soleil. Quand la nuit tombe elle se réfugie dans sa chambre et n'y ressort qu'au premier rayon de soleil qui s'attarde sur son visage. On ne peut pas dire qu'elle soit bonne élève, elle a trop la tête ailleurs pour ça. Des amis elle n'en a point et elle n'en cherche pas vraiment. Elle a plutôt tendance à se mettre sur la défensive dès que quelqu'un l'approche. Disons que c'est une dure au cœur tendre.

En amour Maki est une fille passionnée. Au delà de ça, elle est possessive et têtue. Bizarrement elle ne regarde aucun garçon si bien que les autres membres de la classe s'interroge même sur sa sexualité. Moi pas. [...]

Il était tout pour elle. Un ami, un confident, un amant autant de titres qu’il avait gagner pour l’avoir aimée. Leurs étreintes étaient passionnelles presque autant que leurs baisers. Dépendants l’un de l'autre, ils formaient le couple idéale et servaient de référence aux autres jeunes du quartier. Lui était issu d’une famille réputée et respectée. Elle, eut la chance d’être adoptée par les plus aimants des parents. Leur bonheur fut méprisé par certains, envié par d’autres.

Le hasard avait été le synonyme de leur rencontre. L'attraction était réciproque et indéniable si bien que le lendemain de leur rencontre, ils s'affichaient déjà ensembles. A quoi bon renier l'évidence ? Leur relation était simple, pure et naturelle. Ensemble rien ne les ébranlait. Un an jours pour jours après leur première rencontre, tous deux commencèrent déjà à parler de mariage. Chacun embrasserait le futur de l'autre et afficherait son passé au grand jour sans que la peur ne vienne assombrir leur cœur. Ces deux là auraient pu mener une vie de rêve si la maladie n'en avait pas terrassée un et l'avortement anéantie l'autre.

La leucémie s'était déclarée sans crier gar. Très vite il avait flétri comme l'aurait fait une fleur privée de soleil. Comme des pétales, ses cheveux étaient tombés pour ne plus jamais repousser. Le pourcentage de rémission: il n'en ferait jamais partie. Pire que la mort l'impuissance devant celle-ci imprégnait chaque pores de la peau de Maki dont le ventre s'était quelque peu arrondi. La main d'un père se posa sur celui-ci les yeux embués de larmes. Il inspira autant d'espoir dans ce petit être qui ne verra jamais le jours qu'il put avant que la mort ne vienne frapper à sa porte.

Vive seule sans argent et avec un enfant c'était du suicide. Du moins c'est ce qu'affirmaient ses parents et ses beaux-parents. Ils profitèrent du désarroi de la jeune fille pour l'orienter vers une idée qui aujourd'hui la répugne. Elle ne pleurait pas mais souriait. Elle lui avait promis.